running

Saintélyon

La doyenne.
On m’a souvent parlé de la SaintéLyon, mais pour être honnête, courir de nuit 76 kilomètres me motivaient pas vraiment au premier abord… Mais en effet cette course n’est pas comme toutes les autres, j’ai pu le vivre et en faire l’expérience.
C’est en 1951, que des cyclotouristes de la région décident d’organiser une randonnée pédestre hivernale de 60 km, sur deux jours, en suivant le GR 7. Mais c’est seulement en 1977 que les concurrents sont autorisés à courir.Aujourd’hui, il existe 5 formats (76, 44, 23, 12 et depuis cette année 152 kilomètres) elles arrivent toutes à la Halle Tony Garnier de Lyon.
C’est la doyenne des courses nature en France, qui rassemble 17 000 concurrents, dont plus de 6 500 solos sur la formule reine de 76 km.

La préparation
Quand on prend le départ de cette course, on sait que la météo sera un point important, j’avais vu les images et les vidéos de l’année dernière qui avait été mémorable selon les habitués, mais cette année allait être encore exceptionnelle : la météo annonce depuis une semaine des averses pour une bonne partie de la nuit. Le froid sec ne me fait pas peur mais se faire rincer pendant plusieurs heures, peut devenir un calvaire, en plus des 76 kilomètres. Pour me préparer physiquement, j’ai pas mal enchainé les kilomètres à pied et en vélo ces derniers mois, à raison d’environ 60 kilomètres en moyenne par semaine en courant, et un peu plus à vélo, selon les semaines. Et un mois plus tôt j’ai pris le départ de l’Endurance Trail des Templiers (105 km) à Millau. Mais il n’y a pas grand-chose à faire pour se préparer à courir une nuit entière sous la pluie et dans le froid, à traverser des flaques d’eau où l’on voit plus nos pieds.

Noob
Comme un bon débutant, j’ai fait pas mal d’erreurs sur le déroulé de la course. Tout d’abord, je n’avai pas mesuré qu’il fallait attendre autant à Saint-Étienne, dans les halls mis à disposition pour les coureurs.Arrivé vers 20 h, j’avais pris un duvet et des bouchons d’oreilles et quelques sandwichs mais j’ai franchement réussi à dormir, et je n’avais pas pris de lecture ou quelque chose pour faire passer le temps plus rapidement. Ensuite ma grosse erreur a été d’arriver vers 23h10 sur la ligne de départ mais la quasi-totalité était déjà en place… Je suis donc parti dans la 5e et dernière vague. Le premier départ a été donné à 23h15 et les vagues suivantes partaient toutes les 15 minutes, à raison de 1500 coureurs. Je suis donc partis à 00h15, en ayant attendu debout pendant 1 h… Heureusement il ne faisait pas trop froid et qu’il ne pleuvait pas (encore).

Bref, quand le départ est donné tout le monde est content de se réchauffer et de se mettre en action enfin. Les premiers kilomètres empruntent des routes désertes, on sent que l’on quitte la ville et l’on s’engouffre rapidement dans les chemins sombres de la campagne.
Dans ses premières minutes, je me réchauffe vite et j’hésite à retirer ma veste de pluie mais le dossard un peu spécial, style chasuble de ski de fond, m’empêche de le faire. J’ouvre ma veste et ma deuxième couche au maximum pour ne pas être trempé de sueur, mais au bout d’une heure à peine, la pluie me fait fermer tout à double tour, caler ma capuche, mettre mes gants. Je ne toucherai à rien pendant le reste de la course.

La pluie tombe de plus en plus, mais à la vue de l’état des chemins, il a dû pleuvoir déjà depuis quelques jours : ceux ne sont plus des flaques, mais des mares d’eau, des rivières de boue coulent au milieu des chemins, je ne voie plus la couleur de mes chaussures, noyées sous des couches de boue. Pendant les premiers kilomètres, les coureurs essayent d’éviter les plus grandes flaques, mais rapidement on n’hésite plus à les traverser sans réfléchir, se retrouvant parfois avec de l’eau à mi-mollet. Parti avec les derniers coureurs qui ont un rythme plus lent que le mien et surtout qui marchent plus, je perds pas mal d’énergie à slalomer entre eux.

Mon but n’est pas de gagner des places mais de garder mon petit rythme, de courir le plus possible, pas très vite mais sans m’arrêter. Depuis mon expérience de la TDS de 2012, je sais qu’une fois trempé, il ne faut pas ralentir pour ne pas se refroidir. Je continue donc tant bien que mal, à garder mon allure autour de 8,5 km/h, mais tout le monde est dans sa bulle, la communication, avec la pluie et les capuches, ne passe pas toujours très bien. Au 20ème kilomètre je trouve que les gens marchent de plus en plus, même sur le plat, on sent que c’est un jour où les abandons seront nombreux.

Malgré la météo, les chemins boueux, les gens sont au bord des chemins pour nous encourager et nous motiver. Certains ont allumé des feux, d’autres ont juste un parapluie dérisoire mais tous donnent de la voix pour nous faire avancer. Les premiers ravitaillements à l’extérieur, sous des tentes, mais les coureurs sont si nombreux qu’il est impossibles de se mettre à l’abri et même compliqué d’approcher les tables pour attraper un thé chaud. Tout est là pour nous réchauffer malgré tout : les biscuits, les bananes etc.… mais surtout des bénévoles de tout âges, toujours souriants et serviables, même au milieu de la nuit. Merci à vous, sans vous il n’y aurait pas d’événement comme cela.

© Partirencavale

De boue
On m’a prévenu que le ravitaillement de Sainte-Catherine était le but à atteindre, une fois ici, aux 52e kilomètres, le plus dur était fait, la nuit touchant à sa fin et les kilomètres restants étant plus descendants. Le ravitaillement se fait dans un gymnase, beaucoup de coureur en profitent pour se changer entièrement avec des vêtements secs apportés par leurs proches, et boivent des boissons chaudes. Certains sont dans le dur, emmitouflés dans des couvertures de survie, ici la mode est à l’argent et au dorée ! Pas mal de gens ont la tête entre les genoux, d’autres tremblent de froid. Je fais le choix de boire un thé bien chaud et de grignoter quelques biscuits car je sens que mes sandwichs perso ne font plus d’effet et que la faim (et la fin…) se fait sentir.

Mon seul problème c’est la boue qui s’est incrustée dans mes chaussures et même dans mes chaussettes. Une fois dehors, je retire mes chaussures et en effet j’ai une couche de boue autour de mes chaussettes qui me compriment les pieds. Un coup de jet bien frais et j’enfile mes chaussures redevenues confortables. Le jour se léve enfin, mais le soleil ne me réchauffe pas, j’essaie de garder mon allure mais les cuisses commencent à donner des signes de fatigue. Avant le dernier ravitaillement, le chemin est transformé en rivière, j’ai de l’eau presque au genou… Mais les chemins se font descendants et se transforment en route, nous arrivons aux alentours de Lyon ! L’entrée dans la ville ne se fait pas aussi facilement, une dernière belle montée sur le bitume calme mes ardeurs et je me lance dans la dernière descente. Je passe l’arche d’arrivée dans la Halle Tony Garnier après 10h03 de course, un peu plus que ce que je pensais mais heureux d’avoir vécu cette nuit blanche.

Côté matériel, je suis parti en short car sous la pluie j’ai du mal à supporter un collant, avec un caleçon SAXX. Pour le haut, un système de 3 couches ODLO avec un Blackcomb bien chaud et respirant, une veste sans manches et capuche isolant MILLENNIUM S-THERMIC et par-dessus une veste légère mais imperméable et respirante. Pour les chaussures, j’ai gardé les Trabuco Pro d’Asics car la semelle accroche vraiment bien même sur un terrain comme celui-ci et les crampons sont assez écartés pour évacuer la boue.

Un grand merci à ODLO pour m’avoir fait découvrir cette grande classique et aux autres membres de l’équipe pour leur accueil : LilyRunning, Foutrak et Mehdi Têtard

Faut aller se coucher maintenant Monsieur…

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