Je n’ai pas la patience d’attendre les beaux jours. Je n’ai pas non plus assez de temps devant moi pour chausser les skis et les peaux de phoque, mais j’ai un réel besoin de faire une pause, de respirer en forêt, de suivre un chemin et de ne penser qu’à des choses essentielles : boire, manger et dormir au chaud. Je décide donc de partir faire quelques jours pour une randonnée hivernale dans le Jura, une région que j’apprécie particulièrement pour sa simplicité, sa pureté préservée et son large choix de chemins.
Faire une pause
Départ de Paris avec Ronan, un ami photographe. Tout comme moi, il a besoin de sortir de la ville et de son rythme le temps d’un week-end. Arrivés à St-Claude, nous nous dirigeons vers le point de départ de notre marche en auto-stop : rien de plus facile dans ces régions où la solidarité et l’entraide sont toujours d’actualité. Un couple fait demi-tour pour venir nous déposer à Mijoux, où nous rattrapons le tracé de la Grande Traversée du Jura (GTJ) à pied.
La Grande Traversée du Jura
Il existe plusieurs tracés de la GTJ selon votre activité : à pied, à vélo, en raquettes, à cheval… Le chemin est bien balisé et tout a été pensé pour découvrir facilement cette magnifique région. Nous débutons notre marche sous un beau soleil. Nous prenons notre rythme petit à petit. Les sacs sont lourds mais nous sommes là, dans la forêt, il n’y a plus de ville, plus de bruit. Nous ne parlons pas, nous faisons l’expérience du silence et profitons de l’air frais de cette fin d’hiver. Ce rythme lent et contemplatif est nouveau pour moi mais me permet de faire une vraie pause et de profiter de la nature environnante.
Liberté de mouvement
Je n’ai pas voulu prévoir d’étapes précises. Je ne voulais pas me mettre d’impératifs et de contraintes. Nous sommes autonomes et pouvons bivouaquer où l’on veut, quand on veut, tout en faisant attention à respecter les zones protégées. Cette liberté nous laisse libre champ pour avancer à notre rythme, prendre des photos, discuter ou flâner. Au fil de notre marche, nous croisons très peu de personnes. La plupart font du ski de fond, quelques-uns sont en raquettes pour une balade à la journée. Nous avons préféré laisser les raquettes chez nous afin d’être plus légers, quitte à forcer légèrement sur certains passages où la neige est plus profonde ou plus molle. Le soleil brille en effet fort en cette fin du mois de février.
Bivouac au fond des bois
La nuit tombe vite à cette période et nous devons stopper notre avancée vers 17h, le temps d’installer notre bivouac et de préparer un feu de camp dans la neige. Ce suppose d’ailleurs une certaine technique que Ronan maitrise complètement. Il faut ensuite faire fondre de la neige pour nous désaltérer et remplir nos gourdes. Quand le feu est enfin bien fourni, nous pouvons y faire cuire notre dîner. Les étoiles sont de sortie et nous profitons pleinement du silence de la nuit, seulement interrompu par le doux crépitement du feu.
Après 3 jours coupés de la ville et de nos moyens de communication, nous revenons doucement à la civilisation. Une fois rentré chez moi, des odeurs de feu de bois me ramènent au fond de la foret Jurassienne, comme autant de souvenirs de ce week-end sauvage.
Photos : © Ronan Merot