L’enfer du nord mène au paradis
Il est 4 heures du côté de Chantilly quand je prends la roue de François. Ensemble nous fuyons la nuit à plus de 30 km/h en direction de Roubaix, à presque 300 km de là. Plongé dans le noir, je ne vois pas le décor défiler, ni les kilomètres, juste la ligne blanche éclairée par nos petites lumières.
Je me cale dans la roue de François, l’homme qui se prend pour Eddy Merckx et qui s’est mis en tête de faire une saison de classique mais à la mode de 1973, la meilleure année de Merckx selon les experts. François va donc refaire les 9 grandes courses d’un jour en suivant les anciens parcours. Il raconte son aventure sur le JDD au fil des courses et en fera naître un livre une fois arrivé au bout de la route. Au-delà de la performance physique, cela représente environ 250 km tous les 15 jours, son projet me touche car il parle d’Histoire sans être passéiste. François prouve que l’on peut avoir de grands rêves sans être un surhomme : tout est une question de volonté. Avoir envie de rouler sous des trombes d’eau, dans le froid, sur des routes glissantes. S’entraîner pendant les mois précédents, ne vouloir penser qu’à une seule chose mais devoir penser à tout en même temps. Des nuits blanches à essayer de construire et d’imaginer une aventure, les confronter avec son entourage. Les moments de doutes, les bonnes surprises et l’énergie qu’il faut pour concrétiser une idée, je connais tout ça et c’est pour cela que je suis admiratif et enthousiaste.
Quand François m’a proposé de l’accompagner sur ce Paris Roubaix, je n’ai pas hésité longtemps. C’est même peut-être moi qui me suis un peu incrusté…
Je connaissais Paris-Roubaix pour l’avoir fait il y a 3 ans sur le Challenge mais là, avec François c’est une autre histoire. Une histoire qui débute en 1973. A l’époque le parcours faisait environ 280 km et les coureurs partaient de Chantilly. 160 km des grandes lignes droites qui coupent des champs embrumés et des villages endormis. 160 km à attendre le premier secteur pavé et à l’imaginer.
La première fois que je suis entré dans un secteur pavé pendant le Challenge, j’avais l’impression d’être sur Omaha Beach pendant le débarquement allié ; du carbone qui claque, des insultes en anglais et de la poussière. Violence.
Cette fois-ci j’arrive tranquillement, j’ai le choix de ma trajectoire et je ne me crispe pas sur mon cintre.
Les kilomètres s’enchaînent et nous rejoignons Alex Voisine au kilomètre 200, juste avant la fameuse Tranchées d’Arenberg. Alex connaît très bien les routes de la région, les moindres secteurs pavés et nous n’avons plus qu’à le suivre tout en discutant. Les derniers kilomètres de pavé font mal et ne pardonnent pas : moins on roule vite dessus, plus on les subit. Mais Roubaix est là et son vélodrome ouvre ses portes pour François et notre petit groupe qui compte une personne de plus maintenant avec un blogger de Lille venu à notre rencontre.
Un tour et demi, une ligne d’arrivée et les 300 km que l’on vient de faire sont vite oubliés, on fonce sur cet anneau et on est Merckx, Duclos-Vassale, Moser, De Vlaminck ou Cancelara. Je suis fatigué mais heureux de l’avoir fait, d’avoir roulé à côté de François, de l’avoir vu vivre son rêve.
Cette journée restera un très beau souvenir grâce à Rom Helbach qui, en plus d’être un professionnel de la photo sportive, est un grand cœur qui nous a aidé pour toute la logistique et nous a encouragé tout au long de la route. Un merci grand comme toi.
En voilà une belle histoire et une belle aventure. Bravo pour ce périple et bonne continuation à François!
oui et tu peux la suivre aussi sur fb :
https://www.facebook.com/eddy73unesaisondeclassiques?fref=ts
TOP! J’ai pour objectif un peu dur Liège Bastogne Liège 2016…
Pour avoir fait une Paris-Naples à vélo en 2011 et un tour du mont Blanc et 2013 je connais un petit peu l’adrénaline de ce type de défis, vraiment BRAVO à vous deux … vous me fait rêver… je suis sur une petit projet en ce moment, Paris-Dieppe, que j’espère entreprendre une jour du mois de Juin avec mon ami Philippe (aka jahom).
Merci pour ce très bon article. Et la photo du maillot mAlteni pour parler de Merckx, c’est marrant.