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le Jura en Fatbike

Et pourquoi ne pas voyager à vélo l’hiver ?
Depuis longtemps j’avais envie d’essayer ces fameux Fatbike sur une rando, j’avais envie de partir sur les chemins et les routes du Jura que je commence à bien connaitre. Conçu pour rouler sur le sable ou la neige, ces vélos tout terrain aux pneus énormes, est robuste et confortable, exactement ce que l’on demande à un vélo de voyage. Grâce à Fontainebleau Bike Rental, un loueur spécialisé dans le vélo de voyage et de randonnée en ile de France, qui est lui-même voyageur à vélo, j’ai pu vraiment tester un de leurs vélos pendant 4 jours. Le cadre est fabriqué par M. Line, un artisan au travail sobre, efficace et solide, qui est aussi un connaisseur et un pratiquant puisqu’il a participé à la French Divide par deux fois.

Du costaud…

JOUR 1
Départ de Montbéliard a 12h en direction de Mandeure, le point de Départ de la Grande traversée du Jura version vtt. Je rejoins ce village par des petites routes assez rapidement, et je traverse puis je longe le Doubs qui sera un de mes points de repère pendant le voyage. Je retrouve la signalisation typique de la GTJ qui m’emmène par des singles vers une première bosse. Pour un début c’est exactement ce qu’il, le chemin est simple mais ludique et je m’habitue rapidement au pilotage d’un vélo qui, avec ces sacoches doit approcher les 20 kg. Une fois en haut, j’arrive à temps pour le décollage d’un parenpentiste qui profite du petit souffle frais pour aller planer un peu plus loin. Je roule dans mes premiers chemins enneigés avant Chamesol, quand je passe la barre des 800 mètres d’altitude, et la moyenne baisse d’un coup : la neige est trempée, il fait doux et je m’enfonce directement. Mais les passages sont rares et courts, j’avance tout de même à l’allure que je m’étais donnée, environ 12 km par heure. Je profite d’un magnifique coucher de soleil après Saint-Hyppolyte, avant de plonger dans la pénombre et d’arriver vers 18h30 au gite de Fessevillers comme j’avais prévu, qui héberge les randonneurs toute l’année et 24 heures sur 24. Je suis accueilli par une mamie, qui me fait payer 9 euros pour dormir au chaud dans un dortoir évidemment vide, le bon plan. 21h30, mes paupières tombent.

JOUR 2
Départ à 8 h, aux premières lueurs du jour. Aujourd’hui, je dois absolument relier La Cluse et Mijoux, car de la famille m’attends pour 19 h. Je décide de couper un peu et de raccourcir de 4 ou 5 kilomètres car la trace passe au sud d’Indevillers mais le chemin à l’air d’être bien enneigé. Je descends directement vers Goumois, et le Doubs que je vais suivre toute la matinée sur un chemin enneigé mais praticable. Le tracé est parfait, les bords de la rivière sont déserts, à mon passage des oiseaux échassiers s’envolent, j’avance doucement et je profite du spectacle du côté Suisse maintenant. Je traverse la frontière et au passage je découvre une mâchoire sanglier, rongée et nettoyée. Le chemin se fait plus raide et enneigé, je finis par pousser en suant à grosses gouttes vers un restaurant panoramique qui surplombe le Doubs. Cela fait plus de 3h que je suis partis et je n’ai parcouru que 24 km… Je suis à presque 900 mètres et la neige est partout. Après plusieurs déconvenues sur des chemins qui paraissaient praticables mais où je m’enfonce jusqu’au genou dans la neige, je choisis de prendre des petites routes pour arriver à l’heure à mon point de chute. En discutant avec des gens dans un bar de Villers le Lac, je trouve un bon chemin mêlant piste dénneigées et petite routes pour éviter les axes les plus fréquentés tout en avançant à une allure correcte. Le choix était le bon puisque je ne rencontre que très de voiture et j’ai même la chance d’observer un renard qui traverse un champ de neige. J’arrive à La Cluse et Mijoux vers 18h30, juste pour l’apéro bien mérité après 95 km.

JOUR 3
C’est dimanche, le jour de la fameuse Transjurassienne, cette épreuve qui existe depuis 25 ans, un classique du ski de fond qui rassemble plus de 4000 participants, qui prennent le départ à Lamoura et qui arrivent après 68 km à Mouthe. Mais l’autre événement de la journée sera certainement cette tempête annoncée pour le milieu de journée et qui me pousse à rouler vite le matin jusqu’à Mouthe où je fais une pause vers 11 h. Le froid ça creuse alors je fais des provisions et bois 2 bons café avant de repartir face au vent en encourageant les participants de la Transju qui approche l’arrivée après 7h30 pour les plus lents, et seulement 2h28 pour le plus rapide. Respect ! Plus j’avance et plus le crachin se transforme en pluie, plus le vent forci, je dois me cramponner au cintre pour garder une ligne droite. Heureusement je suis sur des routes en sens unique, je vois les voitures des spectateurs et suiveurs de skieurs qui vont vers Mouthe, mais personne ne me double. Les kilomètres passent lentement mais pas la tempête augmente, je commence à douter de pouvoir arriver à La Pesse pour dormir dans une cabane que j’avais repérée. Et puis après Morez, c’est le déluge, je passe Prémanon où tout le monde s’est réfugié, pas un chat dans la rue, je laisse Les Rousses à ma gauche et part en direction de Lamoura quand un éclair tombe devant moi dans un bruit assourdissant, puis la grêle qui me foute le visage et m’emperche voir à plus de 10 mètres. Évidemment la route choisit de monter pour ajouter un peu de difficulté, la bouche grande ouverte pour grimper ce dernier coup de cul avant de retomber vers Lamoura, j’ai la bouche remplie de grêle et j’avance avec un oeil ouvert. Les voitures passent en m’éclaboussant, de toute façon je suis déjà trempé jusqu’aux os… Le tonnerre redouble et la visibilité décroit quand j’aperçois un bar, ça sera la fin de journée pour moi, impossible d’avancer en sécurité dans cette averse. Je passerai la nuit au VVL de Lamoura, au chaud. La météo annonce 30 cm de neige dans la nuit, je dois être à Culoz pour 18h mais il me reste au moins 100 km pour y arriver, avec une météo normale, je suis sur de pouvoir y arriver mais avec 30 cm de neige et peu de visibilité, j’y crois moyen. Je prévois de filer vers Saint-Claude pour rejoindre la gare la plus proche avec un gout d’inachevé mais la nuit porte conseil.

JOUR 4
Grasse mat’ jusqu’à 8h puisque les conditions annoncées sont catastrophiques et donnent juste envie de rester au lit. Je regarde par la fenêtre, le paysage s’est transformé en une nuit, hier tout a été trempé, ce matin c’est un ciel blanc et une belle couche de neige fraiche qui recouvre les alentours, c’est exactement ce que je suis venu chercher pendant ce voyage, rouler dans le froid sec et sur une neige fraiche. Je prends un solide petit avant de tester les routes à peine dénneigées. Je dégonfle les énormes pneus du Fat et là, la magie se fait : non seulement j’avance facilement sur cette petite couche de neige mais il n’y a absolument personne sur les routes. Je discute avec un conducteur de déneigeuse qui me dit qu’il revient de La Pesse et me rassure sur l’état des routes. Je décide donc je partir jusqu’à La Pesse et de voir par la suite. Il neige doucement mais l’air est sec, rien à voir avec les seaus d’eau de la veille. Aujourd’hui il suffit de se couvrir suffisamment les mains car il y un ressenti de -7°, et de profiter de ces routes désertes. J’avance correctement et j’arrive à La Pesse facilement vers 10h30, les gens viennent discuter et visiblement ils sont assez surpris de voir quelqu’un voyager à vélo en hiver mais sont vite convaincus par le vélo qui donne une impression de robustesse et qui accroche parfaitement sur ce terrain. Je decide d’avancer au maximum et de rallier Bellegarde en passant par Giron, qui est le départ de la GTJ en raquettes et j’avais passé une nuit épique il y a quelques années en dormant sous tente pendant une tempête de neige… Je prefere par essayer d’aller jusqu’à Culoz car les routes me semble pas assez sure et je n’aurai jamais le temps de finir par les chemins. J’arrive à Bellegarde sous un soleil ardent et repars vers la capitale par le TGV en quelques heures.

Ce voyage m’a convaincu de l’utilité d’un fatbike sur des randos longues et d’autant plus avec de lourdes sacoches, ils sont robustes et rassurants, le pilotage est simple et doux. Evidement j’ai un petit regret de pas avoir pu faire le chemin « officiel » mais au départ je savais qu’il ne serait pas possible de le faire dans son intégralité, mais par contre ça m’a donné envie de revenir au printemps pour concrétiser mon idée.
Aujourd’hui j’ai de plus en plus envie de rouler sur des chemins ou des pistes, qui me permettent de traverser des paysages naturels en silence et d’éviter toutes ces voitures qui ne sont que trop rarement conscientes des distances de sécurité et de leur vitesse et ce genre de vélo me convient parfaitement car je suis de moins sur la vitesse mais plus sur l’effort long et à vélo pour aller loin, il faut savoir aussi aller doucement, peu importe la moyenne, au diable les chiffres, le plaisir est d’avancer à son rythme.

2 comments

  1. Super ton récit ! Merci.
    Est-ce que tu penses que la gtj est adapté pour une traversée en gravel ?
    Pierre

    1. Salut Pierre

      je n’ai pas pu prendre le sentier dans son intégralité à cause de la neige mais je pense que ça peux passer sur la majorité des chemins.
      Il y a des parties techniques vers La Pesse mais je ne connais pas tout. a tester. regarde le site de la GTJ, il y a pas mal de renseignements :
      https://www.gtj.asso.fr/itineraires-et-activites/gtj-a-vtt/

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